Les politiques d'appartenance sont omniprésentes aux niveaux international, national et local. Les conflits au niveau mondial tournent souvent autour de revendications territoriales concurrentes. Ces conflits prolongés mettent en jeu des visions contestées de l'appartenance. À qui appartient ce territoire? Et qui appartient à ce territoire? Les spécialistes des conflits ethniques ne savent que trop bien comment les politiques identitaires peuvent se combiner avec d'autres facteurs pour alimenter les conflits intraétatiques.
Les politiques d'appartenance ne se jouent pas toutefois uniquement au niveau mondial. Elles ne sont pas non plus nécessairement à l'origine de conflits violents. Des communautés locales à travers le Canada ont connu, à propos de l'appartenance, des conversations animées qui remettent en question un modèle de longue date, celui du multiculturalisme. Qu'il s'agisse des débats sur l'immigration ou de la montée du nativisme, l'appartenance et la non-appartenance sont des questions centrales qui sous-tendent des discussions difficiles sur la citoyenneté et la construction d’une nation. Si le projet de loi 21 du Québec a suscité de nombreuses discussions dans les médias et dans les milieux universitaires au sujet des droits des groupes religieux, des provinces comme l'Alberta ont également pataugé dans les eaux de la politique identitaire en menaçant les droits de la communauté transgenre. Ces développements récents, parmi d'autres, révèlent la nécessité de reconnaître la nature intersectionnelle des politiques d'appartenance, car la race, le genre, la religion, la classe, la sexualité, etc. s’entrecroisent de diverses manières pour inclure/exclure différentes communautés.
Qui plus est, les politiques d'appartenance orientent clairement nos pratiques dans nos salles de classe, confrontés que nous sommes au défi de mettre à jour nos programmes. Pendant que la communauté des politologues travaille à l'indigénisation de notre discipline, nous nous souvenons de l'étroitesse d’esprit qui a longtemps guidé notre approche de l'enseignement dans ce domaine. Tout en travaillant à l'indigénisation de nos programmes et à la décolonisation de nos universités de manière plus générale, nous devrions prendre note des développements récents et de l'opposition à la théorie critique de la race chez nos voisins du sud. Malgré les invocations répétées en faveur de la liberté universitaire, les programmes universitaires ne sont manifestement pas à l'abri des politiques d'appartenance au sein de notre société au sens large et ils continuent d'être façonnés par la colonialité.