A13(a) - Politique québécoise/Quebec Politlcs
Date: Jun 4 | Time: 01:45pm to 03:15pm | Location:
Chair/Président/Présidente : Luc Turgeon (Université d'Ottawa)
Discussant/Commentateur/Commentatrice : Luc Turgeon (Université d'Ottawa)
Les rapports entre le nationalisme et le colonialisme au Québec: Olivier Sabourin (Université de Montréal), Martin Papillon (Université de Montréal)
Abstract: Cette proposition vise à présenter ma thèse de doctorat ainsi que les résultats préliminaires de mon enquête de terrain qui commence à l'automne 2024. Voici les deux questions principales de la recherche. D'abord, comment les rapports entre le nationalisme et le colonialisme se déploient-ils dans les pratiques contemporaines de l'État québécois face aux peuples autochtones? Ensuite, dans quelle mesure ces rapports varient-ils selon les contextes?
Le couple colonialisme-nationalisme (Moran 2002) reste peu théorisé, et encore moins dans un contexte de double colonisation comme le Québec, où un colonialisme non-hégémonique (McGrath 2012) coexiste avec un nationalisme minoritaire porteur d’un projet émancipateur (Cardin-Trudeau 2024). Je réponds ainsi aux Settler Colonial Studies (Wolfe 1999 et Veracini 2015), en insistant moins sur les aspects structurels du colonialisme d’établissement, mis de l’avant dans la littérature, que sur la reproduction de la logique coloniale dans les pratiques de l’État québécois (Bourdieu 1972).
La thèse rend lisible analytiquement les diverses formes que peut prendre les relations entre colonialisme et nationalisme. Le cadre théorique s’articule ainsi, à partir d’observations empiriques, autour d’une typologie des rapports entre nationalisme et colonialisme. Je vais appliquer cette typologie à divers moments de rencontre du nationalisme et du colonialisme pour voir quel type est dominant, à la fois à travers les cas et au sein de chaque cas.
Au moment du Congrès, j’aurai effectué plusieurs entrevues auprès d’acteurs clés des pratiques de l’État québécois. Je propose donc de présenter ma problématique, mon cadre théorique et les résultats préliminaires de ces entrevues à l’ACSP.
Les transformations du régime de citoyenneté au Québec : contradictions entre politiques identitaires et éducatives: Renaud Goyer (Université du Québec à Montréal)
Abstract: Les politiques sociales sont généralement considérées comme les politiques publiques qui visent à définir et à répondre à des problèmes sociaux et qui amènent l’État à proposer des dispositifs impliquant l’intervention de ce dernier afin d’assurer le bien-être des citoyen.ne.s, mais également la cohésion sociale (Esping-Anderson, 2007). Ainsi, elles sont au cœur des régimes de citoyenneté, c’est-à-dire des « arrangements institutionnels, règles et accommodements qui guident et déterminent les décisions politiques et les dépenses gouvernementales qui s’ensuivent, la définition des problèmes par les États et les citoyens, et le processus de revendication par ces derniers » (Jenson, 2006: 24-25). Ce faisant, elles éclairent donc sur les problèmes sociaux qui apparaissent plus saillants et sur les différents groupes sociaux, à travers la définition de ceux qui ont droit ou non à la solidarité ou à la protection et l’identification de ceux qui apparaissent prioritaires parce qu’ils « posent problème », considérés à risque ou vulnérables. Les politiques éducatives jouent un rôle central à cet égard puisque le droit à l’éducation permet l’exercice des autres droits. Dans la vision de Marshall (1964), l’éducation permet de se considérer citoyen.ne à part entière et ensuite de pouvoir participer pleinement à sa société. À l’inverse, les régimes de citoyenneté encadrent également les politiques et pratiques éducatives, parce qu’ils construisent le rapport à l’autre et la manière dont on définit qui est citoyen et qui ne l’est pas. Notre présentation vise à aborder les possibles changements dans les régimes de citoyenneté suite à l’adoption de politiques identitaires, comprises comme politiques sociales. Nous considérons qu’elles instituent un rapport citoyen qui s’accommode de la présence du racisme et de la xénophobie et que cela est en décalage avec les politiques éducatives de gestion de la diversité en vigueur au Québec.
Divergences Régionales ou Fractures Idéologiques? L'Évolution des Narratifs Québécois sur la Sécurité Internationale: Nicolas-Francois Perron (UQAM)
Abstract: Le gouvernement du Québec et les représentants de l'Assemblée nationale expriment fréquemment des positions sur les enjeux de sécurité internationale, adoptant souvent des postures pacifistes, anti-militaristes ou anti-impérialistes, qui se distinguent de la culture stratégique canadienne dominante. Ces engagements semblent s'ancrer dans des valeurs spécifiques au Québec, témoignant de divergences linguistiques ou culturelles entre les francophones et les anglophones. Cependant, des recherches récentes contestent le mythe des "deux solitudes", révélant des divergences régionales plus nuancées, comme celles observées en Alberta durant la guerre en Irak. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a, en revanche, mis en lumière une convergence des attitudes entre le Québec et le Canada, soulignant des différences idéologiques à l'échelle pancanadienne.
Cet article a pour objectif d'analyser ces dynamiques en proposant une reconsidération des attitudes québécoises à la lumière de fractures idéologiques, plutôt que de s'en tenir à un axe linguistique ou régional. Pour étayer notre argumentation, nous examinerons le conflit Israël-Hamas depuis le 7 octobre 2023, en analysant les prises de position des élus, des médias et de l'opinion publique au Québec et au Canada jusqu'en décembre 2024. Notre étude met en évidence l'importance d'une catégorisation idéologique des narratifs, dépassant les dimensions culturelles ou linguistiques, et interroge la conception de la posture québécoise comme un reflet d'une paradiplomatie identitaire, souverainiste ou électoraliste. Les perceptions des décideurs politiques et les tendances idéologiques présentes guident les postures saillantes au Québec sur cette période. Cette recherche a des implications sur les sources et origines de la culture stratégique québécoise.
Revisiting Quebec’s secularism in the context of Bill C-21: A quest for neutrality or exclusion?: Irma Spahiu (University of Toronto)
Abstract: The enactment of Bill C-21, or The Act Respecting the Laicity of the State, by Quebec in 2019 has sparked intense debate on the nature of state neutrality and its influence on public spaces. Intended to prohibit public-sector employees from displaying religious symbols while performing their official duties, the law has brought forward broader discussions on secularism, equality, social integration and belonging.
Proponents of Bill C-21 argue that neutrality fosters a non-partisan public sphere, free from overt religious expression, thereby ensuring an inclusive environment. However, Bill C-21 raises complex questions about the role of secularism in a representative democracy and the rights of individuals in a multicultural society. While secularism can serve as a foundation for democratic equality, its implementation in Bill C-21 risks infringing on constitutional rights, contradicting the principles of equality it seeks to uphold. Such legislation may restrict freedom of expression, undermine individual autonomy, and have a disproportionate impact on racial and religious minorities, potentially leading to social alienation and division.
The effect of Bill C-21 on Quebec’s social fabric prompts questions about inclusivity in a multicultural society. By requiring religious minorities to choose between their faith and career aspirations, the law can foster resentment and a sense of exclusion, challenging Canada’s broader values of pluralism and diversity.
Striking a balance between state neutrality and individual rights is a significant challenge, and this paper will examine the complexities associated with it. If the government’s goal is to foster equality through a secular public space, how does it protect individual constitutional freedoms? Does secularism call for a secular government, or does it demand a secular citizenry? As implemented in Bill C-21, does secularism stifle diversity, suggesting that its approach may conflict with the principles of multiculturalism?
This paper seeks to address these questions in light of Bill C-21, considering Quebec’s diverse religious and cultural landscape. By analyzing both the legal journey of Bill C-21 (considering its legal challenges at trial and the appeal level) and the theoretical debates surrounding democracy and rule of law, this paper will explore the ongoing legal, political, and social discourse, shedding light on the enduring challenge of reconciling secularism with diversity and inclusion in a pluralistic society.