Public Administration



K02 - Policy, Diversity and Social Services' Delivery

Date: Jun 12 | Time: 10:15am to 11:45am | Location: 680 Sherbrooke St. West 1065

Chair/Président/Présidente : Carey Doberstein (University of British Columbia)

Discussant/Commentateur/Commentatrice : Maxime Boucher (Université d'Ottawa)

Science ou émotions ? Le rôle de l’incertitude dans la formulation des politiques publiques durant la pandémie de COVID-19: Antoine Lemor (Université de Montréal), Éric Montpetit (Université de Montréal)
Abstract: En situation de crise, le principe des politiques publiques fondées sur les preuves (EBPM)—i.e., la traduction des preuves scientifiques en politiques publiques—peut être réalisable, notamment car certaines barrières qui séparent les scientifiques des décideurs sont levées face à la nécessité d'agir de manière éclairée. Dans cette étude, nous examinons de manière critique l'application de l’EBPM pendant la pandémie de COVID-19, mettant en lumière sa mise en œuvre contre-intuitive, voire irrationnelle, dans des conditions de crise. Dans un contexte d'incertitude élevée, il est impossible que les politiques publiques soient uniquement basées sur des preuves scientifiques. Pour cette raison, elles sont également susceptibles de résulter de réactions cognitives et émotionnelles. En utilisant des techniques innovantes de Traitement Automatique du Langage Naturel (TALN), notre étude explore cette interaction en mesurant les sentiments d'incertitude et de négativité des décideurs, ainsi que le niveau de preuve. Notre étude montre que, de manière contre-intuitive, bien que le niveau de preuve ait exercé une influence sur les politiques sanitaires, celui-ci a davantage été déterminant dans l'assouplissement de mesures sévères plutôt que dans leur mise en œuvre. À l'inverse, les sentiments d'incertitude des décideurs amplifié par la nature évolutive du virus a conduit à des sentiments négatifs et à l'adoption de politiques sévères. En d’autres termes, durant la pandémie, la sévérité des politiques publiques semble avoir davantage dépendu de ce que nous ne savions pas, que de ce que nous savions. L’augmentation du niveau de preuve s’est plutôt traduite par un sentiment de réconfort, guidant les ajustements des mesures vers moins de sévérité. Cela semble irrationnel du point de vue de l’EBPM, car la mise en œuvre des politiques publiques dépend moins du niveau de preuve que de l'incertitude et des sentiments négatifs. Bien que nos résultats montrent qu'une crise concrétise le principe de l’EBPM, cette étude souligne la relation nuancée entre preuve et politique, en particulier en contexte de crise, et appelle à une réévaluation du rôle de la science dans l'élaboration des politiques, compte tenu de la fragilité potentielle des preuves dans des situations inédites. Elle contribue également à la proposition d'un cadre méthodologique innovant basé sur le TALN, permettant de mesurer le sentiment d'incertitude rarement opérationnalisé dans les études de politique publique.


Examining Coordinated Service Delivery Challenges in Child Welfare in Ontario: Employing End-User Perspectives for Policy Design and Development : Abigail Jaimes Zelaya (McMaster University), Maria Gintova (McMaster University), Elliot Goodell Ugalde (McMaster University)
Abstract: Coordinated service delivery is a model aimed at providing holistic client-centered care (Halsall et al. 2019). This model is yet to be realized in the child welfare sector in Ontario, where a lack of service coordination among service providers forces individuals and families to navigate existing services on their own. Though existing literature offers important insights on challenges with coordinated service delivery, analysis involving perspectives of those receiving services is rare and does not fully account for the needs and lived experience of marginalized communities, specifically Black communities. At the same time, Black children and youth are overrepresented at every stage of the child welfare system in Ontario– from initial investigation to placement in out-of-home care (Antwi-Boasiako et al. 2022; Bonnie and Facey 2022). This paper aims to explore opportunities and solutions to enable coordinated service delivery in the child welfare in Ontario. By bringing voices of Black youth, families, and services providers in Black communities into this research, we will underscore the necessity to engage under-represented populations in policy design and development to ensure that proposed solutions meet their needs. Therefore, we will fill in the gap in existing scholarship by focusing not solely on barriers and opportunities in coordinated service delivery but also on policy changes and implementation considerations developed based on the perspectives of Black youth, families, and services providers in Black communities.


Démystifier le faible investissement des dépenses de santé publique au Québec: Emna Ben Jelili (École de santé publique de l'Université de Montréal)
Abstract: Plusieurs études démontrent que les programmes de santé publique contribuent à prévenir la mortalité, améliorent la qualité de vie et réduisent les coûts des soins de santé sur le court et long terme (Dyakova et al. 2017 ; Masters et al. 2017). Pourtant, le peu de ressources allouées à la santé publique suggèrent que les décideurs politiques n’adhèrent pas aux impératifs de prévention (Rechel 2019; Guyon et al. 2017). En effet, le portrait des dépenses de santé dans les provinces canadiennes suggère un sous-financement inquiétant des investissements en prévention (Jacques et al.2023). Selon les données de l’Institut Canadien d’Informations sur la Santé, le Québec est la province qui enregistre la part la plus faible des dépenses en prévention tant en dollars par habitant qu’en proportion des budgets alloués à la santé entre 1975 et 2018. Le retard du Québec sur les autres provinces se confirme même en ajustant l’écart entre la mesure des budgets provinciaux et la mesure de l’ICIS (Ammi et al. 2021). Une analyse qualitative préliminaire permet pourtant de constater que le Québec affichait, au début des années 90, une réelle volonté politique d’accorder une place importante à la prévention au niveau du financement et de l’organisation du système de santé. Toutefois, les nombreuses réformes structurelles et restrictions budgétaires dirigées de manière disproportionnée vers les services régionaux de santé publique ont progressivement démantelée cette orientation politique (Fiset Laniel et al 2020; Gmeinder et al. 2017). Or, les autres provinces ont augmenté leurs investissements en santé préventive au début des années 2000. Pour comprendre davantage le portrait des dépenses de prévention dans les provinces canadiennes nous nous interrogeons sur : qu’est-ce qui explique le faible niveau d’investissement du Québec en matière de santé publique? Quelles composantes politiques ou économiques permettraient d’expliquer qu’une juridiction investisse en prévention? Dans un premier temps, en analysant les cadres budgétaires des quatre grandes provinces canadiennes, nous cherchons à déterminer s’il existe une disparité dans la manière de mesurer la dépense en santé publique. Sur cette base, nous chercherons, dans un deuxième temps à mieux comprendre les facteurs politiques et organisationnels qui expliquent le faible niveau d’investissements en santé publique au Québec. En tant que politique invisible orientée vers le long terme qui ne jouit pas d’un appui social, la santé publique a tendance à ne pas être priorisée par les gouvernements par rapport à d’autres dépenses publiques (Jacques et Noël 2022). Nous explorerons l’hypothèse voulant que la compétition entre le portefeuille de la santé publique et les autres portefeuilles soit plus forte au Québec qu’ailleurs. Le Québec est la seule province intégrant la santé et les services sociaux dans le même ministère et il est plausible que cette intégration crée une compétition entre les enveloppes budgétaires qui nuise aux budgets de santé publique. Par ailleurs, la centralisation du réseau de la santé québécois depuis 2000 accentue la compétition budgétaire, puisque la santé publique doit compétitionner avec une panoplie d’autres missions importantes au sein des CISSS.


Racialization and the Mandatory Power of the State: How Racial Minority People Encounter State Child Welfare Systems in Canada: Anika Ganness (University of Toronto)
Abstract: My paper aims to understand the phenomenon of the disproportional representation of racial minority people in child welfare systems by examining what explains the variation in interaction rates between racial minority people and government child welfare systems? Ontario is not only a representative case, but also a key case to study how racial minority people encounter child welfare services. Utilizing data from original interview evidence, policy analyses and secondary data, I map how intersectional aspects of child protection affect marginalized communities, leading to varied encounters with child welfare systems. Drawing on King and Smith’s (2005) theory of racial orders I assert that child welfare policies and practices differ across time, populations, and administrative authorities to increase or ameliorate intersectional oppressions that affect how racial minority people (including racial minority immigrants) encounter child welfare systems. I characterize the competing orders as an Inequality racial order of structural racism and an Equality racial order. The paper reveals the extent to which the child welfare system, a key arm of the state that asserts mandatory state powers and intervenes in families, exhibits structural racism and whether child welfare systems are more characteristic of an Equality racial order or an Inequality racial order in its encounters with racial minority families. This paper demonstrates that while marginalized communities experience varied encounters with child welfare, working in solidarity to hold the state accountable helps to contribute to more equitable child welfare systems that better meet the needs of our diverse Canadian society.